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False Gods

Weil's luminous Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu (Thoughts without order concerning the love of God) opens by reminding us of the false gods in our lives.

Il ne dépend pas de nous de croire en Dieu, mais seulement de ne pas accorder notre amour à de faux dieux.

It's not up to us to believe in God, but only not to grant our love to false gods.
Premièrement, ne pas croire que l'avenir soit le lieu du bien capable de nous combler. L'avenir est fait de la même substance que le présent. On sait bien que ce qu'on a en fait de bien, richesse, pouvoir, considération, connaissances, amour de ceux qu'on aime, prospérité de ceux qu'on aime, et ainsi de suite, ne suffit pas à satisfaire. Mais on croit que le jour où on en aura un peu plus on sera satisfait. On le croit parce qu'on se ment à soi-même. Car si on y pense vraiment quelques instants on sait que c'est faux. Ou encore si on souffre du malheur, on croit que le jour où cette souffrance cessera on sera satisfait. Là encore, on sait que c'est faux; que dès qu'on s'est habitué à la cessation de la souffrance on veut autre chose. First, not to believe that the future is a place capable of fulfilling us. The future is made of the same stuff as the present. We well know that what we have that is good, wealth, power, esteem, knowledge, love of those we love, prosperity of those we love, and so on, does not suffice to satisfy us. But we believe that the day when we will have a little more, we will be satisfied. We believe it because we are lying to ourselves. For if we really think about it for a while we know it's false. Or again if we are suffering affliction, we believe that the day when this suffering will cease, we will be satisfied. There again we know it's untrue; as soon as we have gotten used to the cessation of suffering we want something else.
Deuxièmement, ne pas confondre le besoin avec le bien. Il y a quantité de choses dont on croit avoir besoin pour vivre. Souvent c'est faux, car on survivrait à leur perte. Mais même si c'était vrai, si leur perte peut faire mourir ou du moins détruire l'énergie vitale, elles ne sont pas pour cela des biens. Car personne n'est satisfait longtemps de vivre purement et simplement. On veut toujours autre chose. Il suffit de ne pas se mentir pour savoir qu'il y a rien ici-bas pour quoi on puisse vivre. Il suffit de se représenter tous ses désirs satisfaits. Au bout de quelque temps, on serait insatisfait. On voudrait autre chose, et on serait malheureux de ne pas savoir quoi vouloir. Second, not to confuse need with the good. There are a quantity of things that we believe we need to live. Often this is false, for we would survive without them. But even when true, if their loss would kill us or at least destroy our vital energy, that doesn't make them good. For no one is satisfied for long with pure and simple living. We always want something else. All we need to do is not lie to ourselves to know that there is nothing down here for which we can live. It suffices to imagine all our desires satisfied. After a while, we would be dissastisfied. We would want something else and we would be unhappy not knowing what to want.
Il dépend de chacun de garder l'attention fixée sur cette vérité. Each one of us must keep our attention focused on this truth.
La vie telle qu'elle est faite aux hommes n'est supportable que par le mensonge. Ceux qui refusent le mensonge et préfèrent savoir que la vie est intolérable, sans pourtant se révolter contre le sort, finissent par recevoir du dehors, d'un lieu situé hors du temps, quelque chose qui permet d'accepter la vie telle qu'elle est. Life for men is so made that it is only bearable by lying to ourselves. Those who refuse the lie and prefer to know that life is intolerable, without however rebelling against their fate, finish by receiving from the outside, from a place outside time, something which enables them to accept life as it is.
Tout le monde sent le mal, en a horreur et voudrait s'en délivrer. Le mal n'est ni la souffrance ni le péché, c'est l'un et l'autre à la fois, quelque chose de commun à l'un et l'autre; car ils sont liés, le péché fait souffrir et la souffrance rend mauvais, et ce mélange indissoluble de souffrance et de péché est le mal où nous sommes malgré nous et où nous avons horreur de nous trouver. Everyone feels evil, is horrified by it and wants to be delivered from it. Evil is neither suffering nor sin, it's both at the same time, something that is common to both; for they are linked, sin makes you suffer and suffering makes you evil, and this indissoluble mixture of suffering and sin is the evil that we are steeped in despite ourselves and that we are horrified to find ourselves in.
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